Les déboires de la Meute ont ça de bon qu’elles nous font prendre conscience que l’organisation existe depuis déjà 2 ans et qu’on en parle beaucoup trop dans les médias.
Les médias se concentrent sur les aspects spectaculaires d’anecdotes touchant les leaders de la Meute, surestimant l’importance de ces histoires frivoles pour mieux embrouiller ce qui est important.
L’une des choses dont on parle beaucoup moins, c’est que la Meute est le résultat logique d’un parti politique, le Parti Québécois, s’étant depuis longtemps détourné de tout projet émancipateur pour simplement se replier sur lui-même, avec des thèmes identitaires et nationalistes.
La Meute n’est pas un accident de parcours. C’est la résultante d’une recette suivie avec précision par des apprentis alchimistes cherchant la recette miracle pour obtenir le pouvoir ad viteam eternam : Bernard Drainville, le Parti Québécois mais avec l’aide de médias complices comme la clique à Québecor avec Pierre Karl-Péladeau à sa tête.
La Meute = PQ
Avez-vous écouté le porte-parole des meutons, Sylvain Brouillette, lors de la dernière manif de la Meute à Québec le 25 novembre? Il disait que le PQ avait « autrefois » porté les aspirations des québécois mais que ce n’était plus le cas aujourd’hui.
Ce sont les paroles d’un péquiste frustré.
D’ailleurs on a perdu le compte des péquistes qui grenouillent avec l’extrême-droite tant il y en a.
Richard Le Hir, ancien ministre péquiste et collaborateur de Nomos TV, donnant dans la théorie du grand remplacement et du choc des civilisations.
Bernard Rambo Gauthier, raciste notoire, déplorant que le « Le PQ a perdu son identité« .
Alexandre Cormier-Denis, ex-militant du PQ, serrant la main de la cheffe du Front National, Marine Le Pen.
Sébastien Poirier, membre de Pegida, mais aussi ex-membre d’un exécutif du PQ.
Et ainsi de suite.
Bien sûr la Meute est un regroupement comportant à la fois des nationalistes québécois et des nationalistes canadiens. Ceux du Québec sont toutefois en majorité.
the pack is neither federalist nor separatist. However, it is composed of members of all allégeances. We will not pretend that there are no separatists in the pack, as there are federalists, but we are all Quebec first
Plusieurs mettent le débat sur la Charte des valeurs vers 2014 comme point de départ de l’éclosion des groupes racistes. Mais c’est oublier tout le psychodrame des « accomodements raisonnables » dont chaque épisode était monté en épingle par la clique à Quebecor. Ça remonte à 2007, il y a 10 ans.
Dans la conclusion d’une étude sur le sujet, au sujet de cette période, les auteur-e-s concluent que…
Il est permis de croire que cette montée en épingle a eu une grande influence sur l’agenda public et politique de cette période […] L’instrumentalisation des représentations symboliques dans une perspective commerciale constitue du reste l’un des principaux facteurs de la reproduction des préjugés et de l’ouverture d’un espace d’expression aux discours xénophobes ou racistes.
Les médias écrits et les accommodements raisonnables. L’invention d’un débat
Autrement dit, vendre de la haine c’est à la fois payant et ça permet de faire bouger les choses au niveau politique.
Et ça peut aussi avoir des conséquences à long terme. Ça c’est moi qui le dit.
Depuis ce temps, le boss de Québecor a fait une saucette comme chef du PQ, ce qui permet de mettre de côté tout doutes sur ses sympathies politiques.
À chaque étape de ce processus de radicalisation depuis 2007 (parce que c’est bien ça, au bout du compte) on retrouve de bons péquistes, s’affirmant de gentils sociaux-démocrates. Comme la Meute.
Le nationalisme comme tare
Pas si étonnant que ça quand on sait que le PQ a toujours été un parti bourgeois nationaliste. Parce qu’en dehors d’exalter le concept abstrait de « nation », le nationalisme est très utile
L’utilité du nationalisme du point de vue des élites est évidente. Détourner les masses en général, et la classe ouvrière en particulier, des conflits sociaux qui surgissent périodiquement à l’intérieur même de la « nation », notamment en ce qui concerne la répartition de la « richesse nationale », pour les mobiliser dans une compétition internationale avec les autres « nations » ou contre les « étrangers ». On sait que l’exacerbation de cette compétition internationale mène à des guerres fraticides et autres « interventions militaires ». La bénigne « fierté nationale » se mue alors en patriotisme revanchard et réactionnaire qui fait de « l’autre » un ennemi.
Le PQ s’est toujours présenté comme une coalition de gauchistes et de droitistes mettant leurs querelles en veilleuses jusqu’après l’indépendance.
Ça veut dire qu’avec cette posture, le PQ tolère, depuis longtemps, des éléments parfaitement racistes en son sein. Elle s’en accomode pour servir « la cause ».
Regardez autour de vous. C’est certain que vous connaissez des péquistes, que vous aviez toujours cru de gauche, partageant depuis peu des articles islamophobes sur les réseaux sociaux.
Comme Jacques Brassard, qui est resté un indépendantiste de droite bien caché dans le placard très longtemps, à l’insu de ses collègues du PQ. Le péquiste raciste l’a toujours été mais ce n’est que lorsque l’indépendance devient un projet désuet qu’il n’a plus rien à perdre et peut se dévoiler dans toute sa splendeur.
Mais ne craignez rien, chers Meutons. Le PQ, en perte de vitesse, n’aura d’autres choix que de se replonger dans la fange des questions identitaires. Jean-François Lisée a démontré qu’il pouvait bien le faire. Lui ou un autre.
C’est pourquoi on ne peut que s’inquiéter de la fusion de QS et d’ON, remettant l’indépendance et, dans la foulée, le nationalisme, au coeur des priorités.
Si tu prend deux oeufs et que tu les casses dans une casserole tu obtiendras une omelette. On ne peut pas dire, une fois les oeufs cassés, « Oh mon dieu, une omelette! ». La Meute c’est la même chose. La Meute, c’est le simple résultat logique et prévisible du pourissement du PQ.
La Meute, c’est le PQ.
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