Je ne sais pas pourquoi, mais on compare toujours Labeaume à Jean Drapeau. Pourtant, l’ex-maire Gilles Lamontagne a peut-être encore plus de similitudes avec l’Empereur Régis.
Les deux sont arrivés au pouvoir en mettant de l’avant une façon de gérer la ville « comme une business », faisant flasher leur badge « d’homme d’affaires dynamique ».
Comparons les deux hommes. L’idée n’est pas tant de participer à une énième entreprise de spectacularisation d’une personnalité publique. C’est de démontrer que les valeurs gouvernant la Ville n’ont guère changé depuis 50 ans. Et que cette même course stérile vers le haut risque en réalité de nous tirer toujours plus bas.
Car si l’ère Lamontagne s’annonçait pleine de promesses, empilant les projets pharaoniques les uns par dessus les autres, le résultat s’est révélé cauchemardesque. Si bien que les administrations successives se mirent bien vite à la tâche de les détricoter. Mais le mal était fait. Qu’en sera-t-il de l’ère Labeaume?
Gilles Lamontagne maire de 1965 à 1977 |
Régis Labeaume maire de 2007 à ? |
Le maire, il faut l’avouer, était un ardent promoteur de la modernisation de Québec, de la construction d’édifices en hauteur et de voies d’accès.Gilles Lamontagne, un homme d’influence québécois | « Le G n’est pas beau », laisse tomber le maire, Régis Labeaume. « La seule façon de régler notre problème, c’est de le faire oublier, et la seule façon de le faire oublier, c’est d’en avoir trois ou quatre autour, qui sont vraiment distinctifs, qui font en sorte qu’on voit plus le G. »
La laideur du G à masquer, le Soleil, 4 juillet 2009 |
“Je dénonce donc l’indifférence ainsi que la contestation absurde. J’accepte qu’on conteste une administration en temps et lieu, c’est-à-dire au moment des élections alors qu’il appartient au peuple de juger qui, des contestataires ou de l’administration actuelle, a raison. Entretemps, l’attitude que je préconise de la part de la population face aux pouvoirs publics, c’est celle de la collaboration intelligente”Cité par Doré & Mayer 1972: 106- Gilles Lamontagne | Contre les médias, contre l’opposition. Et contre certains citoyens, surtout. Cette minorité de «chialeux» qu’il souhaiterait voir davantage en «mode solution», martèlera-t-il au cours de cet entretien de près de deux heures.«Les groupuscules « anti-toute » prennent trop de place auprès des médias par rapport au reste de la société», juge M.Picard.(…)François Picard part en souhaitant que les «choses changent» dans le système actuel qui, selon lui, permet aux citoyens de «bloquer» un projet immobilier sans «apporter de critiques constructives».
Francois Picard, 10 aout 2013 |
“He explains that when he was elected in 1965, one of his main aims was “to put Québec on the map”.Tourism is important to the city, he says. The main function of the city inside the walls is to attract tourists. “If you want to have a tourist attraction, then you have to have modern commodities. We invited developers to come into the city”. (…)“People are wrong when they talk of the Old Québec being destroyed, he says”.“The New Fall of Québec. Two centuries after Wolfe, the bulldozers dig in” by Mary Kate Rowan, in Canadian Magazine, Toronto, octobre 1975. »Le maire dit se soucier de la conservation du patrimoine, mais qu’il ne faut pas en faire un prétexte pour stopper le développement de Québec. » Une petite minorité « s’affole » devant la densification du centre-ville, les nouveaux édifices en hauteur et les « autres manifestations de la croissance ». À son avis, le plus grand problème n’est pas de limiter la croissance, mais bien de la stimuler de façon à assumer à la population de Québec du travail pour vivre.
Lamontagne se dit par ailleurs impuissant à empêcher l’invasion du centre-ville par l’automobile et les centres commerciaux. – Gilles Lamontagne, sur tous les fronts, Frédéric Lemieux « Le Comité des citoyens de l’Aire 10 « propose un projet de restauration du quartier. « Plans plutôt imaginaires. Ils rêvent un peu en couleur », écrira le maire dans son journal. « Arrêtez de rêver! Élargissez-vous les esprits! », ajoute-t-il. À ceux qui voient leur maison rasée, le maire répond: « Vous n’aimez pas ça, du neuf, de temps en temps? » – Gilles Lamontagne, sur tous les fronts, Frédéric Lemieux |
«Le maire aimerait aussi se débarrasser de l’expression « Vieille-Capitale ». « Il faut se donner une nouvelle marque de commerce qui nous ressemble, parce que si on veut attirer des gens ici, on devra vendre notre ville et on va la vendre au-delà de Trois-Rivières.» »Parodie gênante pour l’équipe Labeaume« , Radio-Canada, 25 septembre 2009
Le maire admet être très agacé par «ceux qui veulent tout conserver, mais qui n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent faire avec ce qui serait conservé».«Au Québec, quand tu ne sais pas quoi dire, tu proposes un centre d’interprétation ou un musée. Ça fait 20 ans que j’entends ça. Il n’y a rien de plus éculé que cette vision-là.» Il poursuit: «Ça n’a pas une crisse de cenne et ça ne sait pas où en trouver non plus», peste-t-il.Selon lui, ces «intégristes» de la protection du patrimoine sont «toujours en train de demander au gouvernement et à la Ville de mettre de l’argent [dans ce domaine], mais ils ne sont pas capables d’aller voir des gens du privé, des mécènes». Il est certain qu’un bâtiment remarquable remplacera le monastère des Dominicains. À Québec, il est temps selon lui de créer le «patrimoine de l’avenir». » Édifices anciens dans le couloir de la mort« , Le Devoir, 10 juillet 2009 |
Droit de parole veut donner un autre son de cloche sur les affaires municipales que celui des grands journaux de Québec. Il est vrai que ceux-ci accordent depuis 1965 un appui souvent enthousiaste à l’administration Lamontagne.– Gilles Lamontagne, sur tous les fronts, Frédéric Lemieux | « Le maire peut être charmant, mais n’a pas le sex appeal ou la beauté classique d’un Brad Pitt. »Régis Labeaume, le maire qui plaît aux femmes, le Soleil
M. Labeaume a été très présent dans les médias lesquels le lui ont d’ailleurs très bien rendu (certains animateurs de radio se sont fait reprocher d’avoir pris position en sa faveur). Élection à la mairie, Régis Labeaume triomphe à Québec, le Devoir 2007 |
Gilles Lamontagne avait néanmoins une grosse différence avec Régis: il avait d’excellentes relations avec les travailleuses et travailleurs. Il est invité au défilé syndical de la fête du Travail chaque année. Il «croit sincèrement qu’il doit montrer de la considération pour ses employés».