Le féminisme c’est bon, même pour les hommes

Le féminisme c’est bon, même pour les hommes

Les hommes ont peur du féminisme. Ils ont l’impression qu’ils vont se faire voler quelque chose sans rien obtenir en retour.

Ça m’a sauté aux yeux en allant voir une conférence sur les femmes antiféministes et les hommes proféministes lors de la semaine de la sociologie à l’Université Laval. Les échanges avec l’assistance m’en ont dit long.

Néanmoins, le féminisme bénéficie, en définitive, à tout le monde. Et les hommes doivent s’y mettre. C’est urgent. Je m’explique.

Le féminisme, c’est l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est dénoncer les privilèges dont profitent les hommes. Pour corriger la situation, les hommes doivent pratiquer le disempowerment et les femmes, l’empowerment. Pour résumer, les hommes doivent céder de la place aux femmes. C’est ce que j’ai retenu des présentations d’Emmanuel Guay et d’Annie Grégoire.

Ça veut dire, par exemple, qu’en assemblée, les hommes doivent faire l’effort de modérer leurs prises de paroles, trop nombreuses et trop longues. Et laisser les femmes prendre la place qu’elles souhaitent.

J’ajoute que les hommes doivent aussi être plus sensibles aux répartitions genrées des tâches (laver la vaisselle – tâche dévolue aux femmes,  faire des discours – tâche dévolue aux hommes). Et surtout, il faut mettre de l’avant des pratiques concrètes pour favoriser la parole des femmes (tours de table, alternance de parole, rotation des tâches, etc.)

Vu comme ça, on peut comprendre que des hommes peuvent être réticents. Mais prenons un peu de recul. Voici comment je vois ça en tant qu’homme proféministe.

Pour plus de clarté, remplaçons le mot « privilège » par « pouvoir ». C’est pratiquement synonyme. Le féminisme vise à faire perdre du pouvoir aux hommes. Ce pouvoir conquis permet d’être recyclé en autonomie, en pouvoir sur soi. Ainsi, les femmes gagnent en liberté.

Bakounine a dit : « La liberté des autres étend la mienne à l’infini », et la poétesse Audre Lorde a dit: « Je ne suis pas libre tant qu’une seule femme subit une oppression ».

La liberté n’est pas un bien individuel dont on peut jouir isolé dans le désert. On en jouit au sein d’une communauté. C’est un bien collectif. Plus tu es libre, plus je le suis. Si ma voisine subit une oppression quelconque, parce qu’elle est en prison ou souffre du sexisme, ça fait aussi de moi quelqu’un de moins libre.

Nous ne sommes totalement libres que lorsque tous les humains sur la terre sont également libres.

Avec le féminisme, ce que les hommes perdent en pouvoir, ils le gagnent en liberté. En s’attaquant, tous ensemble, au patriarcat, au pouvoir, en éliminant l’oppression que subissent les femmes, la moitié de l’humanité se retrouve plus libre. Elle gagne du pouvoir sur sa vie. Elle s’émancipe.

Et puisque la liberté est un bien collectif, les hommes en bénéficient aussi. Voilà pourquoi les hommes « gagnent » à être féministes.

Les relations deviennent plus solidaires, plus harmonieuses, sitôt qu’elles sont dépourvues d’oppression.

Le féminisme fait perdre du pouvoir aux hommes. C’est très bien. Car le patriarcat est une forme d’autorité illégitime qu’il faut abolir.

Et une fois que l’on est féministe, homme ou femme, pourquoi s’arrêter là? Toutes les formes d’oppression sont nocives.

Vous deviendrez alors anarchistes. Et c’est très bien aussi.

Pour poursuivre la réflexion

Les hommes proféministes : compagnons de route ou faux amis ? par Francois Dupuis-Déri

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