Printemps 2015: Et si cette fois ça y était?

Printemps 2015: Et si cette fois ça y était?

Et si cette fois ça y était? Pour vrai? Je veux dire: et si cette fois le système avait atteint un tel niveau de pourriture que le mouvement de révolte pourrait le renverser? En d’autres mots, et si cette fois nous étions aux portes d’une révolution?

J’étais parmi les pessimistes de la grève sociale en 2012. Déjà, la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics l’avait mis à l’ordre du jour. Profitant d’un mouvement de grève étudiante d’une puissance sans précédent, la Coalition cherchait à mobiliser tous les secteurs de la société. Mais un joueur manquait: les syndicats. La grève sociale a fait patate.

Cette fois, pour le Printemps 2015, je serai parmi les enthousiastes.

Pas d’autres solutions

Le PLQ, avec ses mesures grossières, se met tout le monde à dos. Les femmes, les profs, les docteurs, les handicapés, les pauvres etc. La colère grimpe de toutes parts et je suis persuadé qu’elle prendra de l’ampleur.

Les plus remontés semblent être les syndicats. Dépasseront-ils le strict terrain légaliste? Pour ça, il faut que la base bouge. Que les militants syndicaux mettent la grève sociale à l’ordre du jour des assemblées. L’invitation lancée par la SITT-IWW, pour une grève générale le 1er mai, est un bon départ.

Parce qu’on s’entend tous, n’est-ce pas, que nous avons dépassé un point de non-retour. Qu’il n’y a plus d’alternatives. Qu’il n’est pas question de se ruer aux urnes dans 3 ans pour voter PQ, comme en 2012. On a été suffisamment dégoûté par leur triste intermède au pouvoir. On est bien d’accord, non?

Alors je vous invite à imaginer que le gouvernement n’est plus. L’insurrection fut un succès. Le cauchemar des capitalistes a eu lieu: toutes les fenêtres de l’Assemblée nationale ont été pétées par des boules de billard. Couillard est en fuite en Arabie Saoudite. Il est donc urgent d’envisager l’après révolution. Et de s’y préparer.

Préparons l’après révolution

Cette idée m’a poussé à réécouter l’entrevue d’Éric Hazan à Là-bas si j’y suis, au sujet de son bouquin intitulé Premières mesures révolutionnaires. Éric est un des membres du fameux Comité invisible, auteur de l’Insurrection qui vient.

Vous voulez savoir comment faire une révolution avec succès? Lisez l’Insurrection qui vient. Si vous voulez préparer l’après, lisez Premières mesures révolutionnaires, le sujet qui nous intéresse ici.

Féru d’histoire, Éric Hazan tente de donner des pistes pour sortir du cycle des révolutions ratées. Qu’on pense par exemple à la Révolution française de 1789, ou à celle d’Octobre en Russie en 1917, conduisant à la terreur et à la dictature.

L’objectif de la révolution est la liberté et la fraternité universelle, à tout jamais. Sinon à quoi bon?

Je vous résume en gros ce qu’avance Éric Hazan. Premièrement, ça peut surprendre, Hazan n’envisage pas une confrontation directe, frontale et violente avec le pouvoir. Non, la révolution n’est pas au bout du fusil. Dans l’état de militarisation avancée où se trouve la police, une telle aventure conduirait à l’échec.

Toujours selon Hazan, il suffirait de provoquer un blocage général du système, comme il s’est produit en 1991 avant la chute de l’empire soviétique. L’État le plus policé et militarisé du monde (1/4 de la population de l’Allemagne de l’Est travaillait pour la police secrète) s’est alors effondré de lui-même, à la surprise générale.

La révolution arrive toujours sans crier gare. Si bien que les groupes de gauche peuvent manquer d’initiative et rater le moment critique où le pouvoir s’efface. Éric Hazan prend l’exemple de la France en 1968. Le mot clé est donc: organisation.

Il faut créer les conditions de l’irréversible dès le lendemain de la révolution. Il faut tout faire pour empêcher la reconstruction de l’État. Et bloquer les tentatives des planqués qui, n’ayant nullement participé au renversement du pouvoir, tenteront de noyer la révolte dans la formation d’une constituante ou autre ersatz parlementaire. J’imagine déjà Léo…

Alors le Grand Soir, vous y croyez ou pas? Quoi qu’il en soit, parlons-en. Débattons-en. Il faut dès maintenant préparer l’après pour éviter d’être surpris. Car comme le dit Hazan, ne pas parler de l’après, c’est la meilleure façon pour que ça ne se produise pas.

Et puis si ça ne fonctionne pas cette fois, ce sera pour la prochaine. Rien n’est perdu.

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