Il y a de nombreux problèmes auxquels nous devons faire face, en tant que citoyen-nes dans une ville, en ce qui concerne la circulation. La sécurité en est un.
Encore la semaine passée, trois élèves se sont fait frapper par un taxi sur le boulevard Quatre-Bourgeois. On ne sait pas ce qui est advenu de la petite qui serait restée coincée en-dessous de la bagnole. Ce qui semble important, c’est l’accident lui-même. Le reste, les chefs de pupitres s’en foutent. Ce qui est recherché c’est le spectaculaire et l’instantané du spectaculaire.
Sainte-Foy est tellement mal pensée pour les piéton-ne-s et les cyclistes que c’en est aberrant. À Sainte-Foy, si tu veux t’acheter une pinte de lait, il faut que tu prennes ta voiture parce que le dépanneur le plus près se trouve souvent à un kilomètre. Le secteur que je déteste le plus c’est le coin chemin Sainte-Foy et Duplessis. On pourrait le surnommer la trappe à cyclistes. Le chemin Sainte-Foy est une des pires routes du Québec. Il n’a été pensé que pour les automobilistes. Les visiteurs ont souvent beaucoup de difficulté à comprendre les indications. Parfois, il faut vraiment le savoir qu’on doit garder-sa-droite-car-à-la-prochaine-rue-il-y-a-un-virage-à-gauche-et-que-c’est-la-sortie-du prochain-centre-d’achats-donc-il-faut-garder-la-voie-libre-d’accès. Pour ma part, je n’irai jamais m’aventurer à vélo sur le chemin Sainte-Foy. Les autos sont trop occupées à contourner les obstacles liés à la mauvaise conception de cette route pour penser aux vélos.
Prenez le cas de ce cycliste de 42 ans. Qui était-il? Un homme… 42 ans… Qu’est-il arrivé par la suite? Est-ce qu’on a amélioré quoi que ce soit sur le chemin Sainte-Foy depuis 40 ans pour les piétons, pour les cyclistes, pour les automobilistes? Non! Ce n’est pas grave si les gens meurent. On s’en fout! Mais lorsqu’on met une voie réservée pour les bus sur Robert-Bourassa, attention là! Là on va en entendre parler! C’est parce qu’on touche au petit confort.
Lorsque j’étais encore aux études, j’ai vu un bonhomme se faire frapper sur Dorchester. Un jeune prenait son élan avant de monter la côte d’Abraham, il filait à vive allure dans sa Civic rutilante. Moi je marchais sur Saint-Joseph quand j’ai vu le bonhomme se faire projeter comme une guenille molle par-dessus l’auto. Je vais toujours me souvenir du petit bruit sec : tac! Deux vrilles dans les airs. Plus tard, le mec se relève, j’en croyais pas mes yeux. Le fautif s’était arrêté plus loin. Sa blonde et lui proposaient de l’emmener à l’hôpital. Mon bonhomme était trop saoul et voulait rien savoir, alors le « douche » et sa « douchesse » ont décidé de s’en aller, comme ça. Heureusement, un citoyen leur a ordonné de rester en attendant les secours.
C’est une des rares intersections où on a fait de véritables changements pour les passages de piétons. On continue de traverser à des intersections vraiment dangereuses depuis trop longtemps.
L’intersection Louis XIV et 1e Avenue est une abomination digne des années 50 et de surcroît, un carrefour où l’on ne dénombre même plus les accidents. Qu’est-ce que la ville a changé pour les piétons depuis que le RTC y a implanté sa ligne 803? Rien, nada. On y voit des femmes avec une poussette courir parce que le feu pour piétons est trop court. On pourrait aussi parler de Marie-de-l’Incarnation et Charest, mais les problèmes sont tellement nombreux.
Qui se souvient?
Qui se souvient de Jacqueline Tabouillet Bouvier? Ce nom vous dit quelque chose? Elle marchait dans Saint-Roch le 11 octobre 2012 vers 14 h et elle a traversé cette intersection hallucinante pour les piétons qu’est Charest et Dorchester. Il semble que les témoins étaient tous d’accord : «Le Soleil a questionné d’autres témoins sur place. Tous sont unanimes: le feu piéton était enclenché.»
Madame Bouvier s’est fait rouler dessus par un autocar (d’au moins 12 tonnes) qui allait en haute ville. C’est une histoire d’horreur. La dame de 77 ans avait toute une vie derrière elle mais est-ce qu’on en a entendu parler? Y a-t-il eu un procès pour le chauffeur d’autocar qui lui a roulé dessus?
Jacqueline Bouvier était ingénieure chimiste, avec thèse des arts et métiers de Paris, et enseignante à la retraite. «Elle était une femme toujours souriante, aimée et respectée de ses élèves à qui elle a donné une grande partie de sa vie.» (Québec Hebdo, 11 octobre 2012)
Le système date de l’ère soviétique à Québec et malgré ce qu’en pense notre maire, il y a d’importants changements à apporter qui aideraient les automobilistes (immobilisés sur les feux de circulation plus longtemps qu’ailleurs) et les piétons. Mais au lieu d’apporter des améliorations, la ville, deux semaines après le décès de Madame Bouvier, distribuait des contraventions aux piétons près du lieu de l’accident.
Les vies humaines, est-ce que ce n’est pas un facteur à prendre en considération dans les plans d’une ville ?